Article écrit par Carla Alves et Cédric Aubry. Photo de couverture : Cédric Aubry.
L’année dernière, elle faisait partie de nos coups de cœur de l’été, aujourd’hui nous avons la chance de nous entretenir avec Bai Yun, jeune artiste franco-taïwanaise, à l’occasion de la sortie de son dernier clip pour le morceau “Où es-tu ?”.
Chanteuse polyvalente, elle mêle Pop, R&B, chanson française et Hip Hop, le tout teinté de mélancolie et d’introspection.
Entre douceur, deuil et résilience, tu nous transportes dans un voyage dans le temps mélancolique à travers tes chansons, aujourd'hui, comment est-ce que tu décrirais ton style artistique/musical ?
En réalité, j’ai toujours eu du mal à définir ma musique parce que c’est un mix d’influences de plusieurs genres, de la variété/chanson française, à la Bossa Nova, la Pop, ou encore le Hip Hop/Rap. J’ai toujours envie de tester de nouveaux styles. Il est vrai que j’ai un univers musical assez mélancolique, car c’est ce qui m’inspire le plus.
Comment la musique est-elle arrivée dans ta vie ?
La musique a toujours fait partie de ma vie, petite j’écrivais déjà des chansons et des histoires, il y avait toujours de la musique à la maison. Puis, j’ai commencé les cours de solfège et de piano vers mes 9 ans. J’ai toujours aimé le chant, au collège je faisais des covers des chansons que j’aimais en m’accompagnant d’accords simples au piano. C’est au lycée que je me suis prise de passion pour l’écriture. C’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai commencé à faire mes propres sons en m’accompagnant de la guitare cette fois-ci.
Est-ce que ton processus de création et d’écriture a évolué depuis tes débuts ?
Mon processus de création a en effet beaucoup changé par rapport à mes débuts, où j’écrivais des poèmes, des longs textes, pas forcément structurés, que j’essayais de caler sur des instrus—ça ne marchait pas toujours—ou bien en m’accompagnant à la guitare. En tout cas, je ne faisais pratiquement que des guitare-voix dans mon coin. C’était un processus assez solitaire et introspectif.
Aujourd’hui, j’aime toujours me prendre la tête sur l’écriture mais j’apprécie tout autant travailler avec d’autres personnes, créer de manière beaucoup plus spontanée et s’enregistrer parfois sans avoir préparé de textes en avance ; ou même, commencer par trouver la mélodie avant le texte, ce qui est complètement à l’opposé de ce que je faisais au départ.
D’origine taïwanaise du côté de ta maman, comment est-ce que tu intègres cet héritage culturel dans tes chansons ?
Dans ce que j’ai pu sortir avant “Où es-tu ?” en réalité pas tellement, mais c’est vrai que j’ai toujours voulu intégrer du mandarin et des éléments de ma culture taiwanaise dans ma musique tant elle fait partie de mon identité. Surtout depuis que je me suis installée à Taiwan et que je découvre de plus en plus de sons taiwanais. Ça m’inspire beaucoup pour mes projets futurs.
Est-ce que traduire tes chansons en mandarin ou mettre en lumière tes origines taïwanaises dans tes projets artistiques (paroles/DA…) t’es venu naturellement ?
Tant les paroles prennent une place importante dans ma musique, c’était important pour moi. Premièrement pour que ma famille -qui vit ici (à Taiwan) et qui me soutient énormément- puisse comprendre, pour une fois, ce que je raconte. De plus, voir mes paroles traduites me permet d’avoir plus de repères pour pouvoir écrire en chinois dans mes prochains sons et naturellement j’ai voulu le faire aussi pour pouvoir partager ma musique au public taiwanais.
Est-ce que la musique te permet de te rapprocher davantage de tes racines ?
Oui énormément ! Que ce soit le fait d’en faire ou d’en écouter, surtout les sons de l’époque de ma mère, ça me permet de comprendre dans quel contexte elle a grandi, aussi de pouvoir chanter avec ma famille au Karaoké—activité très importante à Taiwan. Donc oui, c’est sûr que ça me permet de me connecter encore plus à mes racines.
As-tu des artistes taïwanais.es qui t’ont inspiré ou qui t’inspirent ?
Oui, ma cousine m’a toujours partagée de la musique d’ici et il y a pas mal d’artistes que je kiffe et qui me donnent envie de faire du son en mandarin. De la scène indie, je pense par exemple à LÜCY, le groupe No Party For Cao Dong. Il y a aussi Deca Joins que je viens de découvrir. En R&B, je kiffe ØZI et Karencici, en Rap, j’aime beaucoup Leo王 et Softlipa et du côté des sons de la génération de ma mère il y a Kay Huang, Cheng Hua Jiuan, Su Rui, Jody Chiang qui sont de grandes chanteuses qui me touchent particulièrement au niveau de l’écriture ou de la voix.
Est-ce que tu envisages un jour de chanter en mandarin ?
Oui ! En réalité, j’ai déjà commencé à le faire un peu, en traduisant des sons français ou en incluant des paroles en chinois dans des sons que je n’ai pas encore sortis. Bien sûr, mon niveau d’écriture en chinois n’égale pas celui que j’ai en français, mais c’est quelque chose que je veux développer.
Dans ton dernier single “Où es-tu ?” sorti en février de cette année, tu dis : “Raconte-moi ton histoire, je suis à l’écoute”. Est-ce que tu peux nous raconter ton histoire par rapport à ce projet musical (création/inspiration…) ?
“Où es-tu ?” c’est une chanson qui a été assez dure à écrire, parce qu’elle parle de la période de deuil après une rupture avec tous les sentiments douloureux de regret, de perte et de tristesse qui l’accompagnent. Je me suis principalement inspirée de mon propre ressenti, et je fais aussi allusion à “La Chanson de Prévert” de Gainsbourg, notamment ce passage :
“Et chaque fois “Les feuilles mortes”
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N’en finissent pas de mourir”
À la base, c’était un son en guitare-voix que je gardais juste pour moi, puis un an après, j’ai décidé de l’enregistrer avec mes meilleurs équipiers : Jeune Gueule, avec qui j’ai fait mon premier projet. Ce sont eux aussi qui ont composé l’instru.
Tu dis également : “On comprend que trop tard la valeur des choses”, à quoi est-ce que tu fais référence, qu’est-ce que tu veux transmettre à ton public ?
On a souvent tendance à réellement prendre conscience de la valeur des choses seulement quand on les perd. Trop souvent on prend pour acquis ce qu’on a ou les gens qui nous entourent. C’est ce que j’ai voulu transmettre comme message : de ne pas oublier l’essentiel et de le chérir, tant la vie est fragile.
D’ailleurs, ton clip est sorti le 29 avril dernier, as-tu une anecdote de tournage à nous partager ?
Oui, je suis super contente et fière de ce clip ! C’était le tout premier que je tournais à Taïwan. J’ai eu la chance de pouvoir travailler avec une équipe taïwanaise incroyable : Run This Way. Akuan, le réalisateur, a vraiment pensé chaque détail, cela m’a beaucoup appris de voir sa manière de bosser.
On a tourné de 7h du mat’ jusqu’à minuit, en plein été à Kaohsiung (dans le sud de l’île). J’étais en jean, robe, haut à manches longues donc je mourais littéralement de chaud ! Mais tout s’est fait dans la bonne humeur tout en étant hyper pro. Puis, j’ai pu profiter des paysages magnifiques de la ville littorale et du coucher de soleil sur la plage. Vraiment un moment que je ne pourrai pas oublier !
L’année dernière, tu faisais partie de notre sélection estivale et nous avions fait juste avant un papier sur Nu-Linh. Depuis, vous avez sorti un featuring ensemble, San Bei Ji, sur son dernier EP Chick & Dips vol.4. Comment s’est faite votre rencontre et votre collaboration ?
Ouiii ! Déjà merci beaucoup d’avoir choisi mon son “libre” pour votre sélection l’été dernier. D’ailleurs je pense que j’avais entendu parler de Nu Linh par Banh Mi. Au départ, c’est Randy, beatmaker de fou, avec qui je discutais sur instagram, qui m’a parlé d’elle. Puis, de fil en aiguille, elle m’a contactée. J’étais HYPER contente et j’ai tout de suite accepté. Étant à Taiwan et elle en France, c’est vrai qu’avec la distance ce n’était pas évident, parce que je n’avais pas encore l’habitude de m’enregistrer seule. Malgré tout, on a été ultra efficaces : Randy a fait une prod bien mielleuse, Nu Linh m’a envoyée sa partie, j’étais grave impressionnée par la maîtrise de la voix de la go ! Puis j’ai posé ma partie, elle a mixé, masterisé, fait le montage vidéo (elle sait tout faire…), vraiment c’est allé tout droit ! J’ai grave kiffé cette collab, même si on ne s’est jamais vues, on a pu réaliser ce poulet San Bei Ji, et j’ai trop hâte de pouvoir en faire d’autres avec eux !
Quels sont tes prochains projets et tes envies à l’avenir ?
Je prépare mon prochain EP sur lequel je travaille depuis déjà un bon bout de temps. Puis, comme j’ai pu le mentionner plus tôt, à l’avenir j’ai vraiment envie de développer mon écriture en chinois et de mettre plus en avant ma double culture.
Depuis quelque temps maintenant, tu es basée à Taïwan. Qu’est-ce qui t’a motivé à t’y installer ?
J’ai toujours su que je voulais vivre à Taïwan à un moment dans ma vie, car je voulais être plus proche de ma famille ici, mieux connaître ma culture et savoir ce que c’est de vivre en Asie. Alors c’était un départ assez soudain mais maintenant cela fait déjà un an que je m’y suis installée.
Quel est ton plat taïwanais favori ?
Très difficile de choisir ! Vraiment la bouffe ici c’est quelque chose… Après ce que je kiffe le matin c’est de manger des 蛋餅 “danbing”, qui sont des crêpes aux œufs, avec du lait de soja. C’est vraiment le p’tit-déj typique taiwanais !
Où est-ce qu’on peut t’écouter ?
On peut retrouver mes sons sur toutes les plateformes de streaming, suffit de taper “Bai Yun”. Sur Youtube aussi où je viens de poster le clip de “Où es-tu ?”. J’ai récemment sorti mon dernier single “Albufeira” qui est un son Bossa Nova, je vous invite à aller checker !
Pour suivre les actualités de Bai Yun, rendez-vous sur sa page Instagram : @baiyun.23_58
Son Tiktok
Sa page YouTube


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