Article écrit et photos par Diane Vo Ngoc.
Le 4 avril 2025, Banh Mi Média a eu le privilège d’être invité à une visite privée du musée Guimet pour découvrir l’exposition « Marc Riboud, Photographies du Vietnam 1966-1976 ». Lorène Durret, commissaire de l’exposition, nous a expliqué les œuvres avec expertise et sensibilité.
Dès nos premiers pas dans ce temple parisien des arts asiatiques, une émotion singulière nous a saisis : la beauté du lieu, baigné de lumière naturelle, les sculptures millénaires et le parfum d’Asie qui flotte dans l’espace, tout concourt à une expérience immersive et inspirante. Mais qui était vraiment Marc Riboud ? Pourquoi son regard fascine-t-il encore, et en quoi son œuvre, à travers cette exposition, éclaire-t-elle notre compréhension de la guerre et de la paix ? Quels sont les secrets de ses clichés emblématiques du Vietnam, exposés au musée ? Dans cet article, nous vous emmenons au cœur de cette exposition majeure, entre histoire, art et émotion, pour vous partager le portrait de Marc Riboud, son héritage photographique et la magie du musée Guimet. Préparez-vous à un voyage visuel et humain unique.
Portrait de Marc Riboud : photographe et messager de paix
Marc Riboud, né en 1923 près de Lyon, est l’une des grandes figures du photojournalisme français. Dès l’âge de 14 ans, il découvre la photographie grâce à un appareil offert par son père. Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, il choisit ensuite de quitter une carrière d’ingénieur pour se consacrer à sa passion : raconter le monde en images. En 1953, sa photo du « Peintre de la tour Eiffel » publiée dans Life marque le début d’une carrière internationale. Il rejoint l’agence Magnum, sur invitation d’Henri Cartier-Bresson et Robert Capa, et parcourt l’Asie, l’Afrique, l’URSS, documentant les grands bouleversements du XXe siècle.
J’ai découvert Marc Riboud en 1995, à une époque où la photographie argentique me fascinait déjà. Son travail m’a immédiatement marqué par sa capacité à révéler la complexité des conflits tout en portant un regard profondément humaniste, toujours tourné vers la paix. Marc Riboud n’a jamais été un photographe de guerre au sens traditionnel : il s’attache moins à la violence des combats qu’à la dignité des peuples, à la beauté du quotidien qui persiste même dans la tourmente. Depuis cette première rencontre avec son œuvre, il n’a cessé de m’inspirer, tant par la justesse de son regard que par sa volonté de témoigner sans juger, de montrer sans jamais céder au spectaculaire.
En tant que pratiquante passionnée de photographie argentique, j’éprouve une admiration profonde pour la technicité et les défis qu’ont dû relever les photojournalistes de l’époque. À l’ère de la pellicule, il n’y avait pas de possibilité de multiplier les prises, ni écran pour vérifier instantanément ses images : chaque cliché devait être pensé, cadré et exposé avec une extrême précision, car l’erreur se payait au prix d’un négatif perdu à jamais, sans compter la contrainte de réussir à faire parvenir ces pellicules aux rédactions Cette exigence était d’autant plus grande dans des conditions extrêmes comme celles du Vietnam en guerre.
Il y a quelques années, j’ai eu le privilège de rencontrer Thomas Consani, le tireur de Marc Riboud. Il m’a raconté des anecdotes sur sa rigueur et son humanisme. Ces confidences n’ont fait que renforcer mon admiration pour ce photographe, dont l’œuvre continue de m’inspirer par sa capacité à révéler la beauté et la dignité au cœur des conflits.
Le musée Guimet, gardien du patrimoine de Marc Riboud
Du 5 mars au 12 mai 2025, le musée Guimet consacre une exposition exceptionnelle à Marc Riboud, intitulée « Marc Riboud, Photographies du Vietnam 1966-1976 ». À l’occasion des 50 ans de la fin de la guerre du Vietnam, cette exposition réunit une décennie d’images et d’archives, témoignant du regard unique du photographe sur ce conflit majeur du XXe siècle.
Entre 1966 et 1976, Marc Riboud se rend près d’une dizaine de fois au Vietnam, au Nord comme au Sud. Il y observe la guerre mais choisit de montrer autre chose que les combats : le courage des habitants, la vie qui continue dans les ruines, les enfants qui jouent, les femmes qui reconstruisent, les amoureux qui se retrouvent près des abris anti-bombes. Ses images racontent la ténacité d’un peuple, la force de la résilience, mais aussi la douleur des pertes et le désespoir des veuves dans les temples ou les églises. Fidèle à sa méthode, il s’attache aux lieux et aux personnes, revient, interroge, observe l’évolution des vies bouleversées par la guerre.
Parmi les clichés emblématiques exposés, on retrouve « La Jeune Fille à la fleur » (1967), prise à Washington lors d’une manifestation contre la guerre : une jeune femme tend une fleur à des soldats, image devenue symbole de la paix et de la résistance non-violente. Marc Riboud témoigne aussi de l’après-guerre, de la reconstruction difficile, mais toujours avec cette distance respectueuse qui caractérise son travail. Dans cette exposition, les tirages d’époque vous enveloppent, tandis qu’un Leica, l’un de ses appareils photo argentiques, se dévoile sous vos yeux, accompagné d’une mosaïque d’articles de presse et de lettres qui murmurent des récits du passé.
Marc Riboud, avec son regard fasciné et profond, a su capturer l’essence des cultures qu’il a rencontrées, notamment au Vietnam, un pays qui l’a profondément marqué. Grâce à son objectif, une approche profondément humaine du Vietnam en guerre se dévoile. Cette exposition, en mettant en lumière ses œuvres emblématiques, crée ainsi un dialogue entre l’art photographique et la culture asiatique.
Toutes les actualités du Musée Guimet sur leur site internet.


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